Une compagnie de Kadhafi désormais sanctionnée a projeté de chercher du pétrole au Sahara Occidental occupé. Aujourd'hui WSRW a demandé au Maroc de clarifier le rôle de son partenaire libyen.
Tamoil, la compagnie de Mouammar Kadhafi, avait de grands projets dans les territoires occupés du Sahara Occidental, en partenariat avec le gouvernement marocain.
Une compagnie appelée Tamoil Assakia (également connue sous le nom de Tamoil Sakia), a signé en 2007 ou 2008 un ou plusieurs accords avec le gouvernement marocain. Cette compagnie est contrôlée par Tamoil Africa Holdings Limited, qui gère les investissements du Groupe Tamoil sur le continent africain.
Tamoil Africa Holdings Limited (alias la Libye Oil Holding Company) est une filiale de Libyan Africa Investment Portfoleio. Étant donné que ces entreprises sont considérées comme source potentielle de financement pour le régime de Mouammar Kadhafi, elles sont depuis peu soumises à des sanctions de l'ONU et l'UE.
Le partenariat entre l’entreprise libyenne désormais sanctionnée et le gouvernement marocain a deux axes. Tout d'abord, Tamoil a accepté de mettre en place un réseau de 50 stations-service et des installations de stockage dans le Sahara Occidental, pour un coût de 77 millions de dollars.
Selon l'hebdomadaire marocain La Vie Eco du 25 juillet 2008, le projet porterait sur des infrastructures "dans les villes de El Aaiun, Boujdour et Dakhla, pour une valeur d’un milliard de dirhams". Les trois villes se situent dans le territoire que le Maroc a occupé en 1975. L'accord est également mentionné dans un rapport d’octobre 2008 sur les principales réalisations du ministère marocain de l’energie, des mines.
L'exploration pétrolière
D'autre part, et de pus d'intérêt que la construction d’infrastructure pour l’essence, le partenariat semblait également couvrir l'exploration pétrolière. Une telle activité est en violation du droit international, selon l'ONU. Tamoil Assakia "envisage d'investir dans l'exploration pétrolière offshore et onshore", indiquaient en 2008 les pages Web du gouvernement marocain.
Plusieurs médias, comme le service de presse espagnol Capital News, a rapporté que 100 à 150 millions de dollars seraient investis par les Libyens dans le programme pétrolier.
La compagnie "envisageait d'investir entre 100 et 150 millions de dollars à la recherche pétrolière dans le sud du Maroc et dans l'infrastructure de distribution de pétrole dans la région". Ces investissements prévus pour les deux premières années du projet "seraient doublés en cas de découverte de pétrole dans les provinces du Sud du Royaume", a déclaré le PDG de Tamoil Sakia, Salem Bayet Al Mai pour les médias à Rabat, lors d'une de ses visites au Maroc. Les informations ont été publiées dans le journal marocain Le Matin, suite à un communiqué de l’agence de presse du gouvernement marocain la MAP. Le Maroc nomme régulièrement le Sahara Occidental « Sud du Maroc» ou ses «provinces du Sud".
Les premières étapes de la coopération maroco-libyenne comporteraient de l'exploration à terre, avant de poursuivre en mer, selon le PDG. Les projets de Tamoil interviennent "dans le cadre d'un partenariat entre le Maroc et la Libye". Selon le PDG Tamoil, le Maroc est « l'un des pays prioritaires» pour la maison mère de Tamoil.
Tamoil nie
Dans une interview accordée à Reuters, alors que le partenariat controversé était publié, Tamoil a "catégoriquement rejeté" les rapports des médias sur une affaire d'investissement pétrolière au Sahara Occidental. "Il n'a été signé aucun accord sur des permis d'exploration pétrolière au Sahara Occidental et il n’y a là aucun projet d’investissement dans des opérations pétrolières», ont-ils déclaré le 26 décembre 2007.
Un journal marocain a indiqué en mars de cette année que les projets de Tamoil au Maroc n'ont jamais été concrétisés.
Pourtant, les informations mentionnées précédemment sur les projets de Tamoil au Sahara Occidental sont toujours lisibles sur les pages Web du gouvernement marocain.
Dans une lettre envoyée aujourdh’ui à la compagnie pétrolière nationale marocaine, l'ONHYM, Western Sahara Resource Watch demande des détails sur son partenariat avec la compagnie de Kadhafi. WSRW demande si l'entreprise sanctionnée détient effectivement des droits pour l'exploration pétrolière dans le territoire occupé, et comment ces plans se poursuivent actuellement.
«Puisque votre partenaire, Tamoil, est actuellement soumis à des sanctions internationales, cela signifie-t’il que votre collaboration avec l'entreprise couvrant les parties occupées du Sahara Occidental prendra maintenant fin?", a demandé WSRW.
Télécharger la lettre complète ici.
Jusqu’à présent, ni pétrole ni gaz n’ont été découverts au Sahara Occidental. Deux permis d'exploration sont aujourd'hui exploités par des sociétés étrangères, toutes deux israéliennes et les deux au large.
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